Récits, pensées et poèmes ... "Pot" commun

Et pour éviter de polémiquer sur le sujet, j'arrête là en vous citant le texte, traduit de l'anglais, d'une maman qui a aussi perdu sa fille dans un accident de la route :

S'il vous plaît !

S'il vous plaît, ne me demandez pas si nous sommes guéris :
Nous ne le serons jamais.

S'il vous plaît, ne me dites pas qu'elle est dans un monde meilleur :
Elle n'est pas là.

S'il vous plaît, ne me dites pas "au moins, elle n'a pas souffert" :
Je ne vois pas pourquoi il aurait fallu qu'elle souffre.

S'il vous plaît, ne me dites pas que vous savez ce que nous ressentons :
A moins que vous n'ayez perdu un enfant.

S'il vous plaît, ne me dites pas qu'il faut continuer à vivre :
Je suis toujours là, au cas ou vous ne l'auriez pas remarqué.

S'il vous plaît, ne me demandez pas si je me sens mieux :
Le deuil n'est pas comme la météo qui s'améliore.

S'il vous plaît, ne me dites pas que Dieu sait ce qu'il fait :
Aurait-il fait cela exprès ?

S'il vous plaît, ne me dites pas "au moins, vous l'avez eue et elle aura été heureuse pendant dix-huit ans" :
Quel âge est le bon, pour que votre fille meure ?

S'il vous plaît, ne me dites pas qu'il nous reste un enfant :
Cela n'est pas une raison et ne comble pas le vide de l'absence.

S'il vous plaît, ne me dites pas que Dieu ne nous envoie que le poids que l'on peut supporter :
Qui décide quel poids on peut supporter ?

S'il vous plaît, ne me dites pas votre admiration d'avoir su si bien surmonter l'épreuve :
Que connaissez-vous du fond de mon coeur ?


S'il vous plaît,
Dites-moi juste que vous êtes désolé.
Dites-moi juste que vous vous souvenez d'elle, si c'est le cas.
Laissez-moi juste parler si j'en ai besoin.
Laissez-moi pleurer quand je le dois.

Source : Ligue Contre La Violence Routière

Un texte que j'avais écris pour "Human Epic"
C'est un "montage" romancé de pensées de la philosophie Amérindienne.

UN MATIN COMME TANT D’AUTRES …

Le soleil se levait et perçait doucement la fraîcheur de la brume matinale.
Gron aimait bien ce moment où les premiers rayons du Père Soleil caressent la Terre-Mère.
Lui aussi se levait doucement, pour ne pas déranger les autres encore blottis sous le tas de peaux soyeuses.
Tous les jours que le Grand Mystère de la Vie lui accordait, il avait pris l’habitude de descendre à l’aube le coteau qui allait de la grotte dans la falaise, devant laquelle étaient assemblées leurs huttes, jusqu'à la rivière.
Il saluait en passant, d’un mouvement de tête accompagné d’un grognement, les gardiens du feu de nuit qui commençaient à tomber de sommeil.
Tous les sens aux aguets, il allait, en avançant avec prudence pour ne pas risquer une mauvaise rencontre. Arrivé au bord de l’eau, il s’aspergeait le visage d’eau claire, ou il y plongeait entièrement. Après le bain, il se tenait debout, immobile devant l’aube qui s’avance, face au soleil qui danse sur l’horizon, avec en offrande sa muette prière. Un autre l’aura peut-être précédé ou le suivra sûrement mais jamais ne l’accompagnera. Car chaque âme doit rencontrer le soleil du matin, la douceur de la terre nouvelle et le grand silence seule.
Les hommes du futur sauront-ils encore faire cela ? Ils auront peut-être oublié leurs origines !
Ils ne se souviendrons pas que leurs ancêtres adoraient véritablement la terre. Qu’ils s'asseyaient ou s'allongeaient sur le sol avec le sentiment d'être proches d'une puissance maternelle. Qu’il était bon pour la peau de toucher la terre. Et les plus âgés, comme les enfants, aimaient enlever les enveloppes de peaux qui les protégeaient pour marcher pieds nus sur cette terre sacrée. Les pieds entendent le cœur même de la terre sacrée. Nos pieds nus sont conscients de la présence bienveillante de nos ancêtres lorsque nous marchons sur cette terre. C’est pour cela qu’elle est sacrée, parce que les ancêtres y reposent, parce qu’elle nous nourrit et nous protège : Les huttes sont construites en terre, à même la terre et leurs autels sont faits de terre. Les oiseaux qui volent dans le ciel y trouvent le repos et elle est la place finale de toute chose vivante. le sol est réconfort, force nouvelle, purification et guérison. Etre assis ou allongé sur le sol permet de penser plus profondément et de sentir plus intensément.

Je ne connaissais pas ce texte, cela s'est passé avant mon arrivée...

Mais, par son titre, il me rappelle ma première participation, sur HE, au concours d'écriture!


UN MATIN PAS COMME LES AUTRES


Ce matin, le 7 juillet 2150 selon l’ancien calendrier que Rox s’obstinait à employer, la jeune femme s’était levée d’une humeur de chien. Enfin. Façon de parler. Depuis que le brouille- pot, cette brume jaunasse due à la pollution, était devenu quasi permanent, il s’avérait difficile de se repérer dans les différents moments du jour. Quant à qualifier son état d’esprit de canin… il y avait bien longtemps que les chiens ou les chats avaient disparu du quotidien. Il en restait quelques uns dans les zops, ces "zones à oxygène protégée", où elle n’avait pas eu l’autorisation de se rendre cette année. Raison supplémentaire, cette sanction, d’avoir commencé la journée du pied gauche.
De plus, on était un jour impair, encore une longue journée sans eau. Il allait falloir se contenter de ces pilules insipides censées couvrir tous ses besoins quotidiens. Et si la douche sonique décrassait, elle ne procurait aucun sentiment de bien-être. Rox rêvait d’un vrai café ! Encore un luxe qu’elle ne pouvait s’offrir.
Mais, pas question de continuer à se lamenter sur son sort. C’était le lot commun à tous les habitants de la mégapole. Pourtant beaucoup semblait s’en satisfaire. En fait, il était plus que temps pour Rox de filer si elle ne voulait pas rater la navette.
Avant de sortir, elle choisit dans sa mémoire un de ces mots qu’elle affectionnait pour leur sonorité obsolète et qu’elle avait appris, petite fille, auprès de sa grand-mère, là-bas, au pays. Rox se décida pour moleskine. Elle en aimait la rondeur, le parfum, et savait qu’elle le garderait longtemps en bouche comme un bonbon qu’on se refuse à croquer. Un bonbon ! Encore une chose disparue. Et même interdite !
Elle attendit l’ascenseur tout en jouant avec ce que lui évoquait le terme emporté comme soutien : elle imaginait des fauteuils profonds, des banquettes confortables, des lieux peuplés de rires et de musiques…. Un monde disparu et qu’elle n’avait même pas connu.
Lorsque Rox referma sa porte, elle ne comprit pas tout de suite ce qui n’était pas comme d’habitude. La lumière était aussi sale que les autres jours ; les rares passants à oser s’aventurer dans l’atmosphère malsaine ressemblaient, comme toujours, à des robots maussades ; l’air était aussi fétide qu’à l’ordinaire, malgré son masque qui lui faudrait bien changer avant peu. Derrière ses lunettes de protection, Rox réfléchissait en allant vers l’arrêt de navette tout proche.
Sous l’abri, quelques habitués attendaient en regardant fixement devant eux. Rox leur jeta un regard distrait, et, soudain, réalisa ce qui n’allait pas ce matin-là : tous étaient encore en combinaison de nuit !

La petite fille ouvrit alors les yeux et reconnut les meubles familiers de la maison de sa grand-mère. Le 7 juillet 2150 n’était qu’un cauchemar !

Marie-Breizh

Une formule toute bête qui m'était venue et que j'avais utilisé comme bannière. je la mets là parce que je l'aime bien, et pour la sauvegarder vu que je change de "signature".

J'aime les gens qui ne savent pas ce que je sais parce que je leur suis peut-être utile.
J'aime les gens qui savent ce que je ne sais pas parce qu'ils m'instruisent.
En dehors de ça j'aime pas les cons.

Sacré Jo ! Peut-être plus ours que moi, mais surement plus de pudeur.
Il n'a pas mis sur le forum un texte qu'il m'a envoyé et que je trouve super.
Tant pis pour toi Jo ! je balance !

Jo a écrit:

L'
Ami accepte qui vous êtes
Berce vos peines
Crois en vous
Donne sans condition
Envisage l' intégrité en vous (même les bouts inachevés)
Fait une différence dans votre vie
Garde vos secrets
Habite votre coeur
Invite pour un café
Juste pour le plaisir
Kyrielle de tendresses
Louange et sourire
Motive, stimule et encourage
Ne juge jamais
Offre son support
Plaisante avec vous
Questionne votre sens de l' humour
Respire le bien-être
Sécurise dans l' adversité
Téléphone juste pour dire bonjour
Utilise vos talents
Vous dit la vérité quand vous avez besoin de l' entendre
WoW! Wow! vos accomplissements
X O X O X O X baisers et câlins
Y'a rien comme un ami qui...
Zappe la T.V. pour vous donner la place.

Que nous soyons toujours "une bonne paire"
Que nous soyons toujours "de bons amis"
Et que notre amitié soit de celle qui ne finit jamais.

Merci Jo ... On t'aime !

Lorsque Joël lança l'idée d'un second concours d'écriture sur le thème "saveurs de l'hiver", le forum de HE avait déjà commencé à dériver... Le concours n'a pas eu lieu. Qu'importe! Dans le train qui m'emportait loin de Bretagne, après 15 jours de vacances, j'ai commencé à écrire un petit "tableau", intitulé Hiver.


HIVER
Hiver : nom trompeur que l’on entend comme une couleur et qui, pourtant, est l’incarnation de son absence. Cette dernière s’annonce par un bruit sec, froissé, celui des pas dans les feuilles mortes qui s’amoncellent. C’est le signe avant-coureur du déclin de l’année, qui, elle aussi, court vers sa chute au rythme des jours de plus en plus courts.
Dans les rues, les premiers vendeurs de marrons chauds sont apparus, une odeur alléchante dans leur sillage. Derniers rayons de soleil brunis, les châtaignes tachent les doigts de suie et embrasent le palais. Les vitrines pavoisent en orange et noir et les citrouilles d’Halloween caricaturent l’astre solaire pour une ultime fête avant les mois sombres.
Hiver, tu es blanc et noir ! Noir, comme la silhouette des arbres qui tordent leurs bras de squelettes vers le ciel, avec des attitudes de suppliciés désespérés. Ils te défient, toi et tes bourrasques sans fin qui ébranlent la terre jusque dans ses tréfonds. Leur douleur muette implore la paix, celle que leur apporteront la neige et son linceul.
Désormais, la mort étend son manteau de plumes sur la nature et l’enveloppe de sa glaciale sollicitude. « Nigths in White Satin »…. résonne dans ma mémoire comme une complainte des jours enfuis. Le brouillard nappe la nuit de feutre gris et étouffe les bruits ténus qui montent du sol. Le crissement de la neige sonne comme un grincement cristallin dans l’air immobile. Le monde retient son souffle et écoute le silence.
Un mince filet de fumée bleutée monte à l’assaut des étoiles, en dessinant de savantes arabesques. Son parfum de feu de bois me monte à la tête. Je ferme les yeux. Le crépitement des bûches dans l’âtre se mêle aux effluves des écorces d’oranges que l’on jette dans les flammes. Leurs étincelles illuminent mon rêve et font se lever des arômes de café brûlant, de chocolat chaud, de gaufres croustillantes. La maison de Dame Tartine devient mon refuge.
Je m’y calfeutre, je m’y blottis, je m’y love, dans la douceur des bougies à la lumière tremblante et fragile. Comme nos ancêtres, j’ai peur du noir. Je crains que le soleil ne revienne plus. J’attends le solstice, cet instant magique où l’équilibre instable entre l’obscurité et la clarté règne sur l’univers.
Les illuminations criardes des villes appellent à la consommation, dernier moyen que l’homme a inventé pour cacher sa crainte de la solitude.
Je préfère veiller et guetter les lueurs de l’aube.


13 janvier 2006

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J'avais repris goût à la musique des mots......
Merci Joël!

C'est très beau Marie ! Difficile d'écrire autre chose après ça ...

Je vais essayer quand même : Il s'agit d'un texte que j'ai retrouvé dans mes archives.
Je l'avais écris en 1997.
Ce n'est pas un récit à proprement parler, plutôt une tentative d'expression d'un état d'âme fragile ...
ça vaut c'que ça vaut ! Soyez indulgents !


"Pensées brumeuses"

Comme, sous la violence du choc, l'accident dont on ne sent pas la blessure, comme le canard qui continue à courir décapité, je suis K.O. debout. Parfois au milieu d'une torpeur, j'émerge et me demande si je suis encore vivant, ou bien si je rêve ce qui me sert de vie...
Six ans plus tard, mon deuil physique s'est estompé, d'autant plus que j'ai la conviction intime que si son corps n'est plus là, son Esprit, par contre n'a jamais été autant présent. Je la sais immatérielle dans le vent, la lumière, le goût et l'odeur de tout ce qui enchante nos sens humains. Il ne me manque que l'acquisition d'un sixième ou septième sens pour pouvoir communiquer avec Elle. Je la sais, la sens, présente en moi, tout autour de moi, dans le mobile et l'immobile, dans l'ombre ou la lumière, le visible et l'Invisible, me guidant, me protégeant en et avec mon Ange gardien.
Je voulais mourir, et je vis ! malheureusement, ou heureusement, cela dépends de la façon dont on voit les choses...
"Elle" me balance des "choses" agréable à vivre dans les pattes pour m’empêcher de me foutre en l'air : "On n'a pas le droit de se suicider !" disait-elle ... Facile à dire ! Et ma putain de vie, c'est toi qui la traîne ?
Le temps ne passe pas, j'ai sa voix dans la tête, son visage dans les yeux, elle n'est plus là, c'est trop long... J'ai un poids qui m'oppresse, je voudrais tout envoyer balader et partir ...

Je ne crois pas que nos textes se contredisent ou s'opposent. Nos vécus sont par force derrière nos mots.
Le hasard a fait que ton "récit" prenne place entre "Hiver" et "Printemps".
Mais, comme moi, tu ne crois pas au hasard......
Le monde est rempli de résonnances......

L'initiative de Joël sur HE, m'ayant permis de replonger dans l'écriture, j'ai continué sur l'idée des saisons..... Voici, le "tableau" suivant.


PRINTEMPS

Printemps, est de ces mots qui ont une saveur de friandise et qui nous sont offerts en guise d’espérance. Celle-ci surgit, encore protégée d’un papier de cristal. Si fragile, que je n’ose la développer. J’ai déposé l’offrande dans une coupelle d’argent. Des reflets irisés ont dansé dans la lumière blanche de février, suscitant des espoirs de floraison. Sous son manteau translucide, le renouveau en attente, contient toutes les couleurs en germination.
Au jardin, les premières jacinthes se lancent à l’assaut des nuages. Leur parfum de faïence invite à des rêves d’opaline. Le monde a un goût d’enfance. Les chatons ambrés des saules pleurent sur l’étang qui frissonne dans le matin naissant. Une frontière ondoyante entre en vibration et son écho éveille la mémoire de la terre. Comme roseau, je ploie sous le poids des dormances.
Fanal pour des nuits blêmes, la lumière s’accroche aux fils de la vierge. Oscillant en équilibre sur les heures, le temps est en équinoxe. Le rire le dispute aux larmes. Giboulées en risées, soleil en pleurs. Le vent se lève, et l’aurore est un tourbillon de pétales étoilés. Des camélias poudrés s’en vont au carnaval, et les cerisiers explosent en confettis doux et amers. Plus tard, je rangerai mon masque au magasin des accessoires.
A l’aube des migrations, je suis encore tzigane, avec l’horizon pour unique destin. La montée en puissance du jusant s’accorde avec les notes aiguës des oiseaux en partance. « Rhapsodie in blue » murmure une ultime nostalgie. Acidité verte et sucrée des jeunes tiges, brun duveteux des bourgeons grenus, jaune insolent des jonquilles, velours mordoré des primevères, se mêlent en symphonie.
Lilas et glycines tressent des guirlandes pour enlacer les grilles de la maison, et leur étreinte fait naître des chants d’allégresse. L’odeur forte de l’humus enivre la nuit, qui cède la place devant la jeunesse du jour, et fait danser autour des derniers brandons. Dans l’âtre se consument les souvenirs, alors que les fenêtres s’entrebâillent sur des rêves de myosotis et de pervenches. Enfin, l’azur m’ouvre les yeux.
Je m’y éclos, je m’y épanouis, je m’y noie, jusqu’à plus soif. Les sources éclaboussent de jouvence, les ruisseaux se font musique et les rivières sont en débâcle. Aux fêtes de la renaissance, nul besoin d’oripeaux pour dompter la solitude ! Pieds nus sur le sable, j’apprends désormais la patience.
J’écoute les rumeurs de la ville, qui bourdonnent et s’en viennent battre contre mes murailles. Demain, peut-être, j’ouvrirai les portes.
Le printemps vient toujours à qui sait l’attendre.


Mars 2006